Nucléaire: La Chine veut un effort sur le transfert de technologie
Visite officielle du premier ministre Wen
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a fait monter les enchères hier sur l'octroi d'un contrat de plusieurs milliards de dollars pour la construction de réacteurs nucléaires, en appelant la France à améliorer son offre en matière de transfert de technologie.
Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a fait monter les enchères hier sur l'octroi d'un contrat de plusieurs milliards de dollars pour la construction de réacteurs nucléaires, en appelant la France à améliorer son offre en matière de transfert de technologie. Cet appel est intervenu au lendemain de l'annonce de plusieurs contrats commerciaux dont une commande record de 150 Airbus A320, assortie d'une étude de faisabilité sur la construction d'une usine d'assemblage en Chine.
A l'Ecole polytechnique de Palaiseau (Essonne), il a précisé
les conditions de la Chine à l'achat de réacteurs nucléaires, pour
lequel Français, Américains et Russes sont en compétition: «La Chine
espère que la France, en matière de transfert de technologie, en
matière de prix, pourra offrir des conditions encore plus attirantes
pour faire en sorte que la coopération franco-chinoise dans ce domaine
puisse se développer sous les meilleurs auspices».
L'Anglo-américain
Westinghouse, le Français Framatome (Areva) et le Russe AtomStroyExport
sont en concurrence pour remporter le contrat, estimé à environ 8
milliards de dollars.
Pékin avait fait savoir vendredi qu'il
reportait au moins au premier semestre 2006 la désignation de la
société chargée de construire en Chine quatre réacteurs nucléaires de
troisième génération, en raison de divergences sur le prix et la
technologie.
«Je reviendrai dans dix ans»
Lundi, après la
signature du contrat avec Airbus, M. Wen avait souligné que «la
coopération sino-française dans l'aéronautique ne se limite plus à
l'acquisition d'avions mais est entrée dans une phase de coopération
technologique et de développement».
Hier, au lendemain de la
signature d'un contrat avec Eurocopter pour le développement conjoint
d'un hélicoptère civil, M. Wen s'est rendu à Marignane
(Bouches-du-Rhône) sur le site le constructeur européen.
Il s'y est
fait présenter la gamme des hélicoptères civils et militaires
construits par Eurocopter et a visité la chaîne d'assemblage du Tigre.
Durant sa visite, un A380, l'avion géant d'Airbus, a survolé le site.
L'accord
avec Pékin permettra de «créer 600 emplois à Marignane et 2 000
emplois au total avec la sous-traitance», a indiqué le PDG
d'Eurocopter Fabrice Brégier. Il permettra également à Eurocopter de
renforcer sa présence sur le marché chinois des hélicoptères civils
«en devenir».
M. Wen s'est ensuite rendu à Cadarache, sur le site
encore vierge du projet de réacteur de fusion thermonucléaire
expérimental Iter.
«Je reviendrai dans dix ans», a-t-il dit, faisant allusion à la mise en service du réacteur prévue en 2015-2017.
La
Chine a soutenu le choix de Cadarache pour l'implantation d'Iter aux
côtés de l'Europe et de la Russie tandis que Tokyo, les Etats-Unis et
la Corée du Sud étaient partisans d'une implantation au Japon.
Mardi soir, M. Wen devait être l'hôte à dîner du maire (UMP) de Marseille Jean-Claude Gaudin.
Le
président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de Marseille a été
brièvement interpellé sur le Vieux port, alors qu'il tentait de
déployer une banderole d'Amnesty International, pour attirer
l'attention sur la situation des droits de l'Homme en Chine.
A
l'Ecole polytechnique, un accord de partenariat a été signé avec trois
universités chinoises. Le Premier ministre chinois a proposé la venue
en Chine de 400 étudiants français, un type d'accord selon lui «plus
important que l'achat de 150 Airbus».
Aujourd'hui, M. Wen doit
visiter à Cannes (Alpes maritimes) des installations d'Alcatel, qui
vient de signer un contrat pour la fourniture d'un satellite de
télécommunications.
Cette visite a cependant suscité des critiques en France. L'association française Solidarité Chine et le président du groupe d'études parlementaire sur le Tibet, Lionnel Luca, ont ainsi dénoncé le silence des dirigeants français sur les violations des droits de l'Homme dans l'Empire du Milieu.
Le premier ministre chinois avait rencontré lundi le président Jacques Chirac et son homologue Dominique de Villepin, qui n'ont pas fait mention publiquement de cette question.
M. de Villepin avait alors qualifié d'"anachronisme" l'embargo imposé par l'Union européenne sur les ventes d'armes à la Chine après la répression sanglante des manifestations d'étudiants sur la place Tiananmen en 1989.
Source: Le bien public